Résumé
Cet article étudie la manière dont se négocient les rapports entre reportage et littérature dans la trilogie rwandaise de Jean Hatzfeld (Dans le nu de la vie ; Une saison de machettes ; La Stratégie des antilopes). Dans ces recueils de témoignages, l'écrivain revendique une césure nette avec sa pratique de grand reporter, opposant dans La Stratégie des antilopes la « ligne droite » du journalisme à la « ligne sinueuse » de la littérature. Il s'agit ici d'interroger cet infléchissement selon trois axes : revenir sur l'invention dans la trilogie d'une éthique de l'écoute et d'une poétique du témoignage indirect ; montrer comment la réception complexifie ce partage entre reportage et littérature ; interroger les liens entre politique et reportage au fil des livres.