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Mise à jour :
21 août 2025 Anglais

Début d'enquête sur un génocide. Par recoupement de village en village, les hommes du CRAP connaissent à présent les noms des responsables des massacres

Fiche Numéro 35285

Numéro
35285
Auteur
Masure, Bruno
Auteur
Duquesne, Benoît
Auteur
Fourniou, Valérie
Auteur
Rochot, Philippe
Date
7 juillet 1994
Amj
19940707
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Début d'enquête sur un génocide. Par recoupement de village en village, les hommes du CRAP connaissent à présent les noms des responsables des massacres
Soustitre
Faustin Twagiramungu, un modéré appartenant à l'ethnie hutu, devrait en principe diriger dès la semaine prochaine le nouveau gouvernement rwandais d'unité nationale.
Taille
32411 octets
Nb. pages
5
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
fr
Résumé
- La guerre au Rwanda : un premier vol d'assistance humanitaire depuis des semaines maintenant a pu atterrir aujourd'hui à Kigali. Depuis le début des combats, il y a très exactement trois mois, on estime qu'entre 200 et 500 000 personnes ont été tuées. Plus de deux millions de Rwandais ont dû fuir leur ville ou leur village.
- Il a suffi d'un bruit pour précipiter la foule sur la route. Un bruit, une peur, un espoir, le fracas des canons du FPR, la peur de tomber entre leurs mains et l'espoir d'atteindre cette fameuse zone de sécurité des Français.
- Alors ils marchent tous et s'agglutinent depuis des jours, venant de Butare et d'ailleurs, à la rencontre de ces patrouilles françaises. Nous sommes aux confins de la zone de sécurité. Tous n'ont qu'une question en tête : doivent-ils marcher encore, sont-ils enfin à l'abri ? Un Rwandais, interrogé parmi la foule de réfugiés : "Ils égorgent, et ils éventrent et ils tuent ! Et nous fuyons. Que faire, où aller ?". Un autre Rwandais : "Nous, nous n'y sommes pour rien. Il y a probablement des criminels ici parce que tout le monde ne peut pas être sain. Il y a des tueurs partout ! Même chez vous il y a des tueurs !".
- Les tueurs, pourtant, sont venus ici comme ailleurs. Dans cette jeep, le Père Emmanuel et l'une de ses élèves. Il est hutu, elle est tutsi. Il a pu la sauver avec quelques autres du massacre. Mais dans son école, ce sont les élèves eux-mêmes qui ont fait le tri entre Tutsi et Hutu. La jeune élève tutsi : "On nous avait séparés parce que les élèves du groupe scolaire Marie Merci ne voulaient pas vivre avec des Tutsi. Les gens d'ici sont venus au collège pour tuer les Tutsi qui étaient là-bas. Il y a eu beaucoup de morts".
- Ses petits camarades sont là eux aussi qui se préparent à être évacués par les militaires, comme elle. Le Père les dit menacés à leur tour. Le croit-il vraiment ou l'heure est-elle au pardon ? Diane est en sécurité ce soir. Là où elle dort, il n'y a pas de Hutu.
- Après trois mois de bain de sang le Rwanda semble s'orienter vers une règlement politique de ce conflit. Cela dit, tout le Nord-Ouest de ce pays, en théorie sous le contrôle du gouvernement intérimaire, semble être en fait sous la coupe de miliciens hutu. Nos envoyés spéciaux ont accompagné en opération les fameux CRAPS, ces commandos de marine chargés de l'infiltration et du renseignement.
- Quelque part au Rwanda en dehors des positions françaises, 10 hommes, l'élite de la Légion, le Commando de recherche et d'action en profondeur du 2ème REP. Premier objectif : repérer les points d'infiltration éventuels du FPR par le flanc sud, la frontière du Burundi. Rien à signaler.
- Leur surprise est de taille : depuis les massacres, personne ne s'est aventuré jusqu'à eux et le lieutenant Raoul aborde le deuxième objectif de sa mission. Silence de mort sur les massacres. 10 Tutsi vivaient dans ce village. Depuis qu'ils ont disparu la population se tait, ferme encore les yeux.
- Quatrième village traversé en deux jours de piste : Karengera. Pour les hommes du CRAP l'ambiance change. Ici quelqu'un va parler, un prêtre. Encore terrorisé, soulagé de se confier enfin à un officier de l'armée française. Le prêtre : "C'était un programme. Ils allaient de paroisse en paroisse. Ils ont d'abord été à Hanika, ils ont tué ceux qui étaient à Hanika. Ils sont venus à Nyamasheke, ils ont massacré tout le monde. Ce sont des milices qui ont des chefs. En tout cas dans la région ils étaient dirigés par un jeune homme".
- Écœuré, le lieutenant Raoul sait déjà ce qu'il va trouver derrière l'enceinte des murs de cette maison communale : un charnier, soigneusement dissimulé dans un jardin potager. La terre est fraîchement retournée mais ses hommes finissent par trouver des vêtements qui traînent encore. Et puis les traces de la mort de ces 147 Tutsi.
- Début d'enquête sur un génocide. Par recoupement de village en village, les hommes du CRAP connaissent à présent les noms des responsables des massacres. Dans cette région, les milices du gouvernement provisoire toujours présentes, toujours menaçantes.
- C'est un modéré appartenant à l'ethnie hutu qui devrait en principe diriger dès la semaine prochaine le nouveau gouvernement rwandais, gouvernement d'unité nationale. Un homme actuellement à Bruxelles et qui entend bien se démarquer des problèmes ethniques qui ont ravagé son pays. Faustin Twagiramungu : "Il s'agit d'un problème purement rwandais. Donc, s'il y a constitution d'un gouvernement, ce gouvernement aura des Rwandais, avec des Hutu comme des Tutsi. Mais cette majorité ne peut pas être représentée par les assassins ! Je crois qu'il y a une majorité silencieuse de Rwandais. Et cette majorité aimerait bien qu'il y ait une situation de pacification, de réconciliation nationale, de stabilité, etc. Donc la majorité des gens n'ont pas trempé dans ces tueries. Il y a une minorité et cette minorité doit être punie. […] C'est la France qui a dit que, fin juillet, ses troupes doivent avoir quitté le Rwanda ! En conséquence il faut que ses troupes soient remplacées par la MINUAR 2 ! Et cette MINUAR 2, elle devrait être dépêchée rapidement pour qu'elle puisse s'installer et prendre la relève. La France a été impliquée dans la résolution ou le règlement de ce conflit. Donc il est peut-être bien d'y impliquer d'autres pays que la France".
Commentaire
Le JT de 20 heures de France 2 du 7 juillet 1994 est visible dans son intégralité ici : https://www.youtube.com/watch?v=dUwu8uftVWQ