Number: 563
Date: 6 mai 1994
Author: Artiges, Guy
Title: Audition d'André Vincent, colonel CTM
Source: Auditorat militaire belge
Public records: VdM
Abstract: According to Colonel Vincent, the attack of April 6, 1994 was a plot fomented by Hutu extremists, soldiers included, and whose thinking head was General Nsabimana. President Habyarimana knowing of the existence, he would have forced the latter to board his plane. The attack was intended "to sink the Arusha Accords. For the extremists, these agreements meant in the medium term the seizure of power by the Tutsis".
Comment: Colonel Vincent is the head of Belgian military cooperation and the local branch of the SGR, the Belgian military intelligence service. He is a supporter of the traditional policy of support for the Hutu that the Belgians put in power from November 1959. It is surprising that he was surprised by the attack. He was on vacation in Tanzania. His allegation that the attack was fomented by Chief of Staff Nsabimana is false. He was a victim of it. If he was tough, he was not a member of the Akazu and, according to Jean Birara, he would have opposed the massacre of opponents planned by Habyarimana. It was Bagosora who put him on the plane to replace Defense Minister Augustin Bizimana, according to the Mutsinzi report. On the other hand, the rest of the deposition seems quite accurate. The attack was intended "to sink the Arusha Accords. For the extremists, these agreements meant in the medium term the seizure of power by the Tutsis". He confirms, but softens them, the remarks made during a dinner at his home by Colonels Nsabimana and Kabiligi according to which "Arusha wouldn't happen". Around May 15, Major Aloys Mutabera, commander of the field artillery battalion, trained by the French, explained to Vincent "that they had to apply the solution final".
Citation: Ce jourd’hui six mai mil neuf cent
nonante-quatre , à 0855 heures;
Nous soussigné(s) Artiges Guy, adjudant - OPJ
de gendarmerie,
en résidence a Bruxelles - Aud.Mil.
en tenue civile, (1)
rapportons nous être rendu au quartier Reine Elisabeth à
Evere où nous avons rencontré et entendu, aux date et
heures du présent :
Vincent André, Jules, Alex
né à Ixelles le 07.10.41
dlié Chemin du Pachy 10 à
1328 Lasne
Colonel - matricule 94689 - Chef de Mission
CTM au Rwanda.
qui nous déclare :
"Je désire m'exprimer en langue française.
Au niveau de l'attentat contre l'avion Présidentiel Rwandais, aucun
bruit n'a couru avant. Ce fut une surprise pour tout le monde.
Après, une info m'a été communiquée par le Directeur SGP Rwandais
(Société Générale des Pétroles) à Mwanza (Tanzanie). Il s'agissait
bien d'un complot fomenté par des extrémistes Hutus, militaires
compris et dont la tête était le général Nsabimana. Selon la même
personne, le Président Habyarimana connaissait l'existence du
complot et, sachant qui en était la tête pensante, l'aurait obligé
de monter à bord de son avion. Le Président se serait également
fait accompagner par le Président Burundais pour éviter un attentat.
Ma conviction intime est qu'il s'agit bien d'une affaire
Rwando-Rwandaise destinée à couler les accords d'Arusha.
1ère suite au PV n° 652 dd 06.05.94 Det Jud Bruxelles
Pour les extrémistes, ces accords signifiaient à moyen terme la prise du pouvoir par les Tutsis. Ils n'en voulaient absolument pas. A ma connaissance ni les FAR ni le FPR n'avaient de missiles sol-air.
Comme armes individuelles les FAR avaient des AK 47 chinois, des
FAL, des R4 Sud-Africains et des G3 Allemands. Pour ce qui est
des baïonnettes, elles sont traditionnelles sauf pour 1e fusil
chinois qui comporte une baïonnette-clou incorporée.
En ce qui concerne la radio des 1000 Collines, je peux dire qu'elle
est à labase du sentiment anti-belge. La campagne anti-belge a
débuté vers La fin novenbre 93.
Je n'ai jamais rencontré Ruggiu qui, semble-t-il, était très
discret et évitait nos contacts.
Pour ce qui est de l'assassinat de nos 10 paras je ne sais rien
vous dire vu qu'à l'époque j'étais en Tanzanie.
Je confirme les propos du Lt-Co1 Beaudoin, en ce sens que le
Général Nsabimana et d'autres hauts militaires assuraient qu'Arusha
ne se ferait pas et qu'ils étaient prêts à contrecarrer toute action
du FPR.
Sur l'aéroport, vers le 15.04.94, j'ai eu une discussion avec le major Mutabera qui m'a clairement dit qu'il fallait les comprendre, qu'ils devaient appliquer la "solution finale". Il m'a dit cela suite au fait que je lui disais qu'internationalement ces massacres n'allaient pas les aider.
J'ajoute aussi que le sentiment anti-belge a été développé par
ceux qui ne voulaient pas d'Arusha. Ils voulaient donc le départ de
la MINUAR pour avoir les mains libres.
Arusha représentait pour eux la prise du pouvoir par les Tutsis.
Je ne vois rien d'autre à dire pour l'instant.
(après lecture, persiste et signe dans notre carnet de renseignements)
Dont acte,
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