Titre
Niyonshuti, 10 ans : « Ils voulaient tuer aussi les enfants tutsi, surtout les garçons, pour les empêcher plus tard de se venger »
Soustitre
À l'hôpital de Gahini, les patients sont souvent très jeunes, principalement d'ethnie tutsi, le plus souvent mutilés d'un bras ou d'une jambe ou blessés à la tête.
Résumé
- Chronique d'une guerre oubliée : les combats font à nouveau rage à Kigali, la capitale rwandaise. Des bombardements provoquent un nouvel exode dramatique de la population civile réfugiée dans des camps de fortune.
- Nos envoyés spéciaux ont pu effectuer une reconnaissance macabre dans ce pays martyr, accompagnés, ou plutôt "guidés" entre guillemets, par un officier tutsi.
- L'odeur est pestilentielle. Les corps en décomposition de familles entières bornent encore la route entre la frontière tanzanienne et Kigali. Les uns, surpris dans leur maison ; d'autres, froidement exécutés les mains liées dans le dos.
- Sans doute pour prouver l'ampleur du massacre, les rebelles du Front populaire rwandais, qui a repris la région à l'armée gouvernementale, ne se sont toujours pas décidés à enterrer ces morts. Ils baladent les journalistes, une sorte de safari de l'horreur.
- Malgré l'appel du FPR leur garantissant la sécurité, plus de trois semaines après la tuerie, ils sont encore rares les réfugiés rwandais à oser revenir dans leurs villages. Tony Kabanda, officier de presse du FPR : "La guerre ici n'a jamais été entre les deux ethnies, hutu et tutsi. La guerre ici oppose les démocrates aux dictateurs qui ont commis ces massacres que vous voyez".
- À une trentaine de kilomètres seulement de Kigali où les combats à l'arme lourde continuent, l'hôpital de Gahini, le dernier en état de fonctionner dans la région. Médecins du monde y a ramené une équipe chirurgicale aussitôt la fin du massacre. On y croise aussi les premières missions exploratoires du Comité international de la Croix-Rouge qui tentent d'évaluer la situation.
- À l'hôpital de Gahini, les patients sont souvent très jeunes, principalement d'ethnie tutsi, le plus souvent mutilés d'un bras ou d'une jambe ou blessés à la tête par de redoutables planches à clou, l'arme préférée des exécuteurs. Nshizirungu, 10 ans : "J'ai essayé de fuir avec ma famille. Mais les miliciens m'ont tiré une balle dans la jambe. Dans ma famille, tout le monde a été tué". Niyonshuti, 10 ans : "Ils voulaient tuer aussi les enfants tutsi, surtout les garçons, pour les empêcher plus tard de se venger".
- À Gahini il y avait un hôpital, c'est maintenant aussi un orphelinat.