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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Bernard Kouchner : « Les Hutu tuent les Tutsi et apparemment ont décidé de les tuer tous ! Ça s'appelle un génocide ! »

Fiche Numéro 31133

Numéro
31133
Auteur
Bobillier, Laurence
Auteur
Verdeau, Pascal
Auteur
Sébastien, Claire
Auteur
Airaud, Christophe
Date
18 mai 1994
Amj
19940518
Heure
12:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 12 heures [3:11]
Titre
Bernard Kouchner : « Les Hutu tuent les Tutsi et apparemment ont décidé de les tuer tous ! Ça s'appelle un génocide ! »
Soustitre
Hier [17 mai] les Nations unies ont décidé l'envoi d'une mission à caractère strictement humanitaire.
Nom fichier
Taille
9718081 octets
Source
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Des combats d'une cruauté insoutenable se poursuivent au Rwanda où les organisations humanitaires parlent de 400 000, voire 500 000 morts. Des massacres qui ont enfin fait réagir la communauté internationale : hier [17 mai] les Nations unies ont décidé l'envoi d'une mission à caractère strictement humanitaire.
- La première caractéristique de la communauté internationale, c'est de ne pas exister. Cette boutade du chercheur Pierre Hassner s'applique tragiquement au Rwanda. Comment protéger efficacement les personnes qui fuient les combats pour se réfugier dans les pays voisins ?
- Réponse : l'envoi de plus de 5 000 Casques bleus, décision mardi [17 mai] de l'ONU. Des Casques bleus, bras armés de la communauté internationale, qui réclament des moyens : avions, véhicules blindés, camions. Leur mandat : strictement humanitaire. Pas question selon Washington traumatisée par son expérience en Somalie de s'orienter vers une imposition de la paix. Paris souhaitait une mission plus large et l'emploi de la force. Mais pour protéger les populations, les Casques bleus pourront tout de même invoquer la légitime défense.
- Coup de semonce, hier soir [17 mai], de la part des rebelles du Front patriotique rwandais : "Si les forces de l'ONU cherchent à s'interposer, elles seront traitées en ennemi".
- Premier test pour les Nations unies : obtenir à présent la réouverture de l'aéroport de Kigali pour permettre de distribuer l'aide humanitaire.
- Bernard Kouchner est de retour du Rwanda où il a tenté en vain d'ouvrir des couloirs humanitaires. Il lance un véritable cri d'alarme. Bernard Kouchner : "On entasse les gens dans les églises. On arrose le toit avec de l'essence. On met une grenade. On a vu tout ça ! Alors il faut rappeler quelque chose quand même : il y a un groupe majoritaire, environ 90 %, qui s'appelle les Hutu. Il y a un groupe minoritaire qui s'appelle les Tutsi, 10 %. Les Hutu tuent les Tutsi et apparemment ont décidé de les tuer tous ! Ça s'appelle un génocide ! On tue parce qu'on est Tutsi, pas parce qu'on a fait quelque chose de mal. Il y a une seule chose que je voudrais faire passer : quand comprendra-t-on, après combien de massacres, après combien d'enfants morts ? Quand on marche dans l'herbe, là-bas, autour de Kigali, on marche sur des crânes d'enfants coupés. On marche sur des corps qui ont été mangés par des chiens. Pas un membre de la famille n'a réchappé. Donc si on veut assister à ça, alors c'est classique : massacre, humanitaires qui crient que les politiques n'ont rien fait, et puis finalement les politiques font quelque chose et l'intervention internationale arrive trop tard, après le massacre. Alors est-ce qu'on comprendra une fois pour toutes que ce qu'on a appelé le droit d'ingérence, c'est qu'une force d'action rapide, sous le drapeau des Nations unies mais qui peut être une force africaine, beaucoup mieux encore, vienne à la moindre alerte et mieux encore avant le massacre. Ça s'appellera la prévention, le droit d'ingérence, comme on veut. Ça empêcherait le massacre. Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant ? Vous savez pourquoi on n'intervient jamais ? C'est pas beau, on dit que c'est du néocolonialisme. On dit qu'on n'a pas de soldats, qu'on n'a pas d'argent et qu'on n'a pas de volonté politique. Eh bien après le massacre on trouve des soldats, on trouve de l'argent et on trouve de la volonté politique. Seulement les gens sont morts".