Philippe Gaillard : « Il y a sans doute des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, des deux ethnies, de toutes les tendances politiques »

Bilalian, Daniel

Mavic, Florence

25 mai 1994

19940525

13:00:00

CEST

Journal de 13 heures [2:21]

Philippe Gaillard : « Il y a sans doute des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, des deux ethnies, de toutes les tendances politiques »

Un obus est tombé ce matin sur l'hôpital du Comité international de la Croix-Rouge, tuant deux employés.

1994-05-25-13fr2.mp4

7221193 octets

France 2

INA

Journal télévisé

FR

- Je vous propose maintenant de regarder le dernier document qui nous soit parvenu du Rwanda : il s'agit d'un orphelinat ou tout au moins d'un endroit où sont recueillis, à Kigali même, la capitale du Rwanda, des enfants qui ont été sauvés des combats meurtriers. Ces enfants sont recueillis par la dernière organisation d'aide internationale qui se trouve sur place, la Croix-Rouge. Je vous propose d'écouter le responsable de cette maison où sont recueillis ces enfants.
- "Au pas camarade. Au pas". Que peut chanter un enfant miraculeusement rescapé des tueries ? Que peut-il chanter, sinon un refrain guerrier repris en une lancinante ritournelle. Où l'a-t-il entendu ? Dans sa famille, auprès des soldats ? Comme lui ils sont des dizaines, souvent orphelins, à s'entasser dans cet hôpital de Kigali. Refuge précaire à portée de tirs. Ici on ne sait jamais si on sera vivant dans l'heure qui suit.
- Le Comité international de la Croix-Rouge tente dans des conditions extrêmement difficiles de soigner les blessés. Philippe Gaillard, chef de la délégation du CICR : "On arrive à suivre. Qu'est-ce que c'est 250 blessés à Kigali ? Alors qu'il y a sans doute des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, des deux ethnies, de toutes les tendances politiques. Et que ça continue. On a des témoignages qui nous arrivent tous les jours, soit d'un côté soit de l'autre, comme quoi les massacres continuent. Alors ici c'est un petit peu pour l'instant un havre de paix malgré les ordres de Staline qui passent par-dessus les toits de l'hôpital et de la délégation ! Les deux parties savent où on est. Les deux parties nous ont promis que ni la délégation ni l'hôpital du CICR ne seraient touchés. Ils ont quand même dit qu'il avait parfois des erreurs de tirs et qu'on n'était pas à l'abri de ce genre d'erreurs !".
- Des erreurs de tirs, elles se multiplient. Un obus est tombé ce matin sur l'hôpital du Comité international de la Croix-Rouge, tuant deux employés, blessant d'autres personnes. "Au pas camarade. Au pas". À Kigali la mort est toujours en chemin.