Résumé
- Pendant que le Rwanda est à feu et à sang, la communauté rwandaise à Paris vit dans l'angoisse. Ils sont une centaine installés depuis longtemps ou arrivés très récemment. Mais tous ont de la famille là-bas. Les nouvelles sont rares et tout le monde se raccroche au moindre espoir sans trop y croire.
- Charles est peut-être le seul rescapé du Centre culturel français de Kigali. Depuis un mois il est à Paris où il a rejoint ses sœurs. Après avoir été enfermé par la milice dans son appartement, il a réussi à s'enfuir. Ce sont les autorités belges qui l'ont évacué sur Nairobi. Il est un miraculé de la tragédie rwandaise. Charles Rubagumya, bibliothécaire au Centre culturel français de Kigali : "Je suis resté chez mois cinq jours durant. Je ne bougeais pas, je ne sortais pas. Parce que j'avais peur de descendre, de peur que je meurs aussi comme les autres. Je n'avais jamais vu une personne en train de mourir sous mes yeux. C'était vraiment un cauchemar".
- Ce cauchemar, ces deux hommes installés à Paris depuis plusieurs mois le vivent aussi. L'un est Hutu, l'autre est Tutsi. Tous deux refusent le terme de conflit ethnique pour désigner le génocide déclenché par une dictature aux abois. Tous deux savent qu'un partie de leur famille a été massacrée. Avec chaque jour qui passe, le doute devient de plus en plus insoutenable. Jean-Pierre Rubulika, stagiaire à la Caisse française de développement : "Chez moi on a tout détruit. Ma femme et mes enfants se sont enfuis dans une église. Dans cette église, ils ont tiré sur tout le monde. Je ne sais pas s'ils ont pu échapper mais je suis pessimiste". Antoine Nyagahene, professeur à l'université de Kigali : "J'avais une famille, je l'ai laissée là en venant ici. Mais je viens d'apprendre que ma femme a été tuée il y a une semaine. Moi je suis Hutu, ma femme était tutsi. Mais au début même des combats on avait tué mes frères qui se trouvent à Cyangugu. Pour dire qu'on a tué les Tutsi mais que les Hutu eux aussi ont été tués. Nos enfants n'ont plus personne pour s'occuper d'eux. Ils sont orphelins de mère. Et moi je suis là, impuissant".
- Ce sentiment d'impuissance et de désespoir, tous les Rwandais vivant à Paris le partage. Ici, une fois par semaine, une dizaine de femmes se retrouvent pour danser mais surtout pour être ensemble. Nido Uwera, danseuse : "C'est une façon de garder espoir. Et je crois que c'est une façon aussi de combattre".