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Mise à jour :
19 septembre 2024 Anglais

Les raisons d'un revirement français

Fiche Numéro 2588

Numéro
2588
Auteur
Amalric, Jacques
Date
22 juin 1994
Amj
19940622
Surtitre
Si le principe de l'intervention est acquis, l'accord n'est pas total entre le Quai d'Orsay, Matignon et l'Elysée.
Titre
Les raisons d'un revirement français
Pages
3
Taille
744751 octets
Nb. pages
1
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Résumé
Après que François Mitterrand ait déclaré à la télévision le 10 mai 1994 « Nous ne sommes pas destinés à faire la guerre partout, même lorsque c'est l'horreur qui nous prend au visage », Alain Juppé, en déplacement à Washington, surenchérit le lendemain en répondant à propos du Rwanda : « Je ne crois pas que la communauté internationale puisse aller faire la police partout sur la planète et envoyer, partout où les gens se battent, des forces d'interposition. » Alors que pour Mitterrand la France n'a pas à intervenir, Juppé va plus loin en disant que la communauté internationale n'a pas à intervenir. On devrait donc selon lui laisser massacrer en paix. Cependant, il déclare avant : « C'est vrai qu'on nous reproche de ne pas avoir débarqué en force pour nous interposer entre les combattants. » Dans cette situation qu'il reconnaîtra comme un génocide le 18 mai 1994, parler de « combattants » n'est pas le terme approprié. Les Tutsi du Rwanda n'ont jamais été en guerre contre les Hutu. Ils n'ont pas d'armes et se font exterminer. Si le FPR s'est mis à combattre, c'est pour s'opposer aux massacres déclenchés par l'armée rwandaise et les milices aussitôt après l'attentat contre le président. S'interposer entre le FPR et les tueurs reviendrait à protéger ces derniers. C'est la mission qu'Alain Juppé assignera à l'opération Turquoise sans le dire publiquement. En effet, comme cet article de Jacques Amalric le laisse transparaître, c'est l'avancée des « rebelles » du FPR qui fait sortir Juppé de la « passivité coupable ». Si les massacres l'avaient horrifié, il se serait opposé au retrait des Casques bleus qu'il a prôné et fait voter le 21 avril 1994 au Conseil de sécurité.