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Mise à jour :
19 septembre 2024 Anglais

Ségolène Royal : « Les pressions faites par la France n'ont pas abouti puisque les extrémistes des deux côtés ont refusé cet équilibre des pouvoirs »

Fiche Numéro 31822

Numéro
31822
Auteur
Roy, Albert (du)
Auteur
Virieu, François-Henri (de)
Date
26 juin 1994
Amj
19940626
Titre
Ségolène Royal : « Les pressions faites par la France n'ont pas abouti puisque les extrémistes des deux côtés ont refusé cet équilibre des pouvoirs »
Soustitre
Extrait de l'émission « L'Heure de vérité » diffusée sur France 2 le 26 juin 1994.
Taille
14006814 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Émission télévisée (vidéo)
Langue
FR
Résumé
Ségolène Royal : "La politique africaine est toujours prise dans une contradiction. C'est-à-dire soit on conforte les pouvoirs en place parce qu'on se dit au moins c'est la stabilité, on évite les guerres ethniques ou les guerres tribales. Soit on pousse à la démocratisation, on organise des élections, qui débouchent souvent sur des conflits extrêmement violents. […] Je crois qu'il faut rester fidèle aux principes du discours de La Baule, où on a soumis l'aide de la France à de nouveaux principes de démocratie. […] Il y a trois choses dans la démocratie : il y a les élections, il y a l'État de droit et il y a les droits de l'Homme. Les élections, c'est toujours facile à organiser. Seulement s'il n'y a pas, et ça c'est beaucoup plus long à mettre en place, l'État de droit et les droits de l'Homme qui l'accompagnent, à ce moment-là la démocratie bascule vers les luttes tribales. Alors peut-être qu'au lieu de former des armées, il faudrait former par exemple des gendarmeries. Car c'est ça qui a manqué au Rwanda. Je crois que c'est une gendarmerie interethnique, bien formée, qui a appris ce qu'était les droits de l'Homme et ce qu'était l'État de droit. Mais ça c'est beaucoup plus lent que d'organiser les élections. […] Il faut soumettre l'aide française à une évolution du processus démocratique. C'est ce qui a été fait au Rwanda grâce à la France, puisqu'il y a eu les accords d'Arusha en 1993 qui ont permis de faire participer au gouvernement la minorité de ce pays. Donc ça a été fait, les pressions ont été faites par la France ! Elles n'ont pas abouti puisque les extrémistes des deux côtés ont refusé cet équilibre des pouvoirs. Parce que l'État de droit est toujours beaucoup plus lent à mettre en place. Il faut que la France tienne bon. Et d'ailleurs il faut qu'elle tienne bon aussi partout ! Et je crois qu'il y a eu certains reculs. Chacun sait que, sur le Rwanda, il y a a eu un conflit très fort au sein du gouvernement Balladur, entre Monsieur Juppé et Monsieur Roussin qui justement voulaient revenir sur ces principes mis en place et sur ce conditionnement de la démocratie à l'aide française. Donc faisons attention justement de ne pas revenir en arrière et d'avoir une bonne conception des droits de l'Homme".
Commentaire
Ségolène Royal reprend ici la théorie géopolitique des dominos chère à Hubert Védrine : il faut éviter, quel qu'en soit le prix à payer pour les civils, que le moindre pays sorte de l'escarcelle de la Françafrique. Par ailleurs, alors que le génocide des Tutsi est pratiquement achevé, l'emploi par Madame Royal de la formule « extrémistes des deux côtés » est particulièrement choquant.