Page d'accueil France Génocide Tutsi France Génocide Tutsi Mise à jour :
9 avril 2024
Anglais

François Léotard : « Le FPR avance avec des troupes en civil ». Une raison de plus pour que les militaires français assimilent les Tutsi aux combattants du FPR

Numéro : 157
Date : 2 avril 1993
Auteur : Denoix de Saint Marc, Renaud
Titre : Conseil restreint
Source : Présidence de la République (France)
Fonds d'archives : FM
Résumé : Lors de ce conseil restreint, le ministre de la Défense François Léotard considère que la situation est d'une grande gravité et d'une grande urgence dans la mesure où le FPR est en progression vers Kigali et avance avec des troupes en civil.
Commentaire : Fin février 1993, bombardé par les canons français, le FPR stoppe son offensive, décrète un cessez-le-feu, puis reprend les négociations de paix à Arusha. Au premier conseil restreint du gouvernement de cohabitation, suite à la défaite de la gauche aux élections législatives des 21 et 28 mars 1993, François Léotard, ministre de la Défense, déclare : « La situation est d'une grande gravité et d'une grande urgence. Le FPR est en progression vers Kigali. Il avance avec des troupes en civil ». Cette offensive est une invention du ministre Léotard ou bien elle lui a été suggérée par le renseignement militaire (la DRM), qui aurait voulu tester le nouveau gouvernement de droite. En effet au même conseil, l'amiral Lanxade, chef d'état-major des armées, dit plus prudemment : « Nous devons envisager une offensive du FPR dans le courant de la semaine prochaine ». Parlant de troupes du FPR en civil, le ministre Léotard a fait sienne la définition de l'ennemi identifié au Tutsi, armé ou non. Il demande un renforcement de 1.200 hommes. Balladur : « Nos forces sont trop faibles […] Nous pouvons mettre un millier d'hommes en plus ». Ces 1 200 hommes ont-ils été réellement envoyés au Rwanda ? Nous n'en voyons pas de trace. Mais l'aide au régime d'Habyarimana devient de plus en plus secrète. Ce compte rendu de conseil restreint met à mal la théorie du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé selon laquelle il aurait infléchi la politique de la France au Rwanda en faveur d'une solution négociée et d'un recours à l'ONU.
Citation: W«+(Àæï£ HUBERT VEDRINE 5/ Cf / ©? CONSEIL RESTREINT DU VENDREDI 2 AVRIL 1993 SUR LE RWANDA … : PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE — PREMIER MINISTRE — MR JUPPE — MR LEOTARD — MR ROUSSIN — MR VEDRINE — GENERAL QUESNDT MR DELAYE — MR BOIDEVAIX — AMIRAL LANXADE — GENERAL RANNOU — CONTRE-AMIRAL LECOINTRE — MR FOUGIER. fifiÇRfiIABIÀI : MR DENOIX de SAINT MARC — GENERAL HUCHON. Commençons par la situation militaire. La situation est d‘une grande gravité et d’une grande urgence. Le FPR est en progression vers KIGALI. Il avance avec des troupes en civil. Sur place, il y a 600 ressortissants français et 1500 d'autres nationalités. Nous avons déjà retiré deux compagnies et il nous reste 300 hommes environ face à une progression de plusieurs milliers d'hommes qui viennent du Nord. La situation est redoutable. Si nous devions. rester, il faudrait envisager un renforcement qui pourrait aller jusqu'à 1200 hommes. Il est difficile de rester dans le statu quo actuel. £BEfilDEflï.fifi.£è.fifiâflêthflfi Monsieur le Chef d'Etathajor des Armées ? F ' — R D ' E Je confirme en effet que le FPR n'applique pas les accords de cessez-le—feu et continue de se déployer. Il y a des mouvements d'hommes et de matériels en provenance d'OUGANDA. Ceci demeure possible car il n'y a pas d'observateurs sur la frontière rwando-ougandaise. Nous allons vers une rupture à ARUSHA due à une surenchère du FPR.— “Nous devons envisager une offensive FPR dans le courant de la semaine prochaine. Il ne nous reste que deux compagnies sur place et il y a plusieurs centaines de milliers de réfugiés aux portes de KIGALI. L'alternative est soit d'évacuer nos ressortissants et nos compagnies, soit de s'opposer à la prise de KIGALI, mais alors il faut envisager de recourir à l'action directe de nos forces. La situation est difficile. Il y a des risques de massacres si nous partons et un risque de défiance africaine vis-à—vis de la France. Mais, par contre, si nous renforçons nous nous enfonçons dans ce dossier. Nous ne pouvons pas partir. - Mais il faut intensifier notre action diplomatique et nos pressions vis—à—vis du FPR, notamment notre action à l‘ONU bien que ce soit difficile. Même si nous effectuons le renforcement, lançons notre action diplomatique. La menace des Nations Unies a été utilisée pour stabiliser la situation. MUSEVENI ne souhaite pas s‘exposer à une condamnation internationale. Les Nations Unies peuvent faire beaucoup sur le plan psychologique, même si leur action sur le terrain n'est pas immédiate. LA N . J‘ai les mêmes informations que les autres ministères. Je souhaite être présent sur ce dossier. Nous allons être amenés à recompléter les matériels, les munitions. Nous avons déjà beaucoup de dettes vis—à—vis du Ministère de la Défense. Mais le Ministère de la Coopération doit participer plus activement à ce dossier. £BEfilDfiflî.fifi.hä.fifi£flâ£lQflfi Cela se passera sûrement comme cela car cela dépend de Monsieur le Premier Ministre. Monsieur le Premier Ministre ? 233!IEB.MIÆIEÆBE Le statu quo n'est pas tenable. Nos forces sont trop faibles. Nous devons être davantage présents. Compte tenu des effectifs disponibles nous pouvons mettre un millier de plus, mais il faut savoir combien de temps nous pouvons tenir. Il faut apporter des moyens supplémentaires à nos forces. L'objectif est de trouver une solution durable. … Nous avons des accords de coopération avec de nombreux pays. Ils datent de longtemps, bien avant mon élection. La règle est qu'il n'y a intervention française que s'il y a agression extérieure et non pas s' il y a un conflit tribal. Ici c'est mélangé, car il y a le problème tutsi. Le Président MUSEVENI est lui même apparenté tutsi. _ ' On doit faire comme vous l' avez souhaité, Monsieur le Premier Ministre.

Retour