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Mise à jour :
13 mai 2024 Anglais

Note sur l'aspect social du problème racial indigène au Ruanda [Le manifeste des Bahutu]

Fiche Numéro 310

Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.

Numéro
310
Auteur
Kayibanda, Grégoire
Date
24 mars 1957
Amj
19570324
Titre
Note sur l'aspect social du problème racial indigène au Ruanda [Le manifeste des Bahutu]
Extrait de
MIP, Annexes, pp. 100-107.
Taille
594167 octets
Nb. pages
8
Fonds d'archives
MIP
Type
Note
Langue
FR
Résumé
L'idéologie du Parmehutu est formulée une première fois dans le « Manifeste des Bahutu » rédigé avec l'aide de missionnaires. Poursuivant le but louable de « la promotion intégrale et collective du Muhutu » cette « Note sur l'aspect social du problème racial indigène au Rwanda » dénonce « le monopole politique dont dispose une race, le Mututsi ». Les Hutu sont présentés comme exploités par « un colonialisme à deux étages », « le Muhutu devant supporter le hamite et sa domination » et ensuite l'Européen. Mais la domination de ce dernier est décrite comme bégnine. « Le départ de l'Européen pourrait réduire [le Muhutu] dans une servitude pire que la première » Voilà un plaidoyer qui va faire plaisir à la Belgique, dont « l'oeuvre si grandiose » au Rwanda est célébrée. Mais pour les Tutsi, le texte est lourd de menaces. Il est franchement d'inspiration raciste quand il envisage de recourir à la statistique, à la généalogie, à la médecine pour « donner des précisions objectives » à propos des « ``mutations'' de bahutu en hamites ». C'est une évocation de ces commissions médicales qui devaient déterminer la race des individus « métis » dans les pays ayant adopté une législation raciale. Pour mieux surveiller ce monopole de la race tutsi, le Manifeste s'oppose à la suppression des mentions raciales sur les pièces d'identité : « Leur suppression risque encore davantage la sélection en le voilant [le monopole tutsi] et en empêchant la loi statistique de pouvoir établir la vérité des faits. » Notamment ces pièces serviront à l'école pour empêcher la sélection des seuls Tutsi : « Il faudra que pour éviter la sélection de fait, caeteris aequalibus, s'il n'y a pas de places suffisantes, l'on se rapporte aux mentions de livret d'identité pour respecter les proportions ». Enfin, le Manifeste se fait plus menaçant. Il évoque « la guerre "civile" froide », la xénophobie, et, grands Dieux, « la popularité des idées communisantes » Dénonçant le monopole culturel des Tutsi, en particulier sur les diplômes, le Manifeste énonce cette prophétie autoréalisante : « Et si par hasard (la Providence nous en garde) une autre force intervenait qui sache opposer le nombre, l'aigreur et le désespoir aux diplômes ! L'élément racial compliquerait tout et il n'y aurait plus besoin de se poser le problème : conflit racial ou conflit social. » N'est-ce pas la transformation de l'affrontement social en guerre raciale qui se dessine-là ? Ce Manifeste jette les bases de l'idéologie du génocide de 1994, ce qui montre bien qu'il s'agit d'une seule et même trame, de 1957 à 1994. Encore un point qui annonce Kangura et la RTLM, c'est la revendication de la liberté d'expression au profit du « peuple majoritaire », face à « certaines autorités non habituées à la démocratie ».