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Mise à jour :
10 octobre 2023 Anglais

Note du ministère des Affaires étrangères. Attentat du 6 avril 1994

Fiche Numéro 315

Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.

Numéro
315
Auteur
Marlaud, Jean-Michel
Date
25 avril 1994
Amj
19940425
Titre
Note du ministère des Affaires étrangères. Attentat du 6 avril 1994
Taille
290932 octets
Nb. pages
5
Source
Fonds d'archives
MIP
Type
Note
Langue
FR
Résumé
L'attentat qui a coûté la vie au Président Habyarimana, et qui est la cause immédiate des évènements que connaît aujourd'hui le Rwanda, est probablement l'œuvre du FPR. L'avenir de ce pays et de la sous-région dépend de l'équilibre qui s'instaurera, sur la base duquel devra être négocié un accord politique.
Commentaire
Cette note de Jean-Michel Marlaud, ambassadeur de France au Rwanda rapatrié en France, a pour but d'accuser le FPR qui est déclaré d'emblée auteur de l'attentat contre le président Habyarimana. Cependant, elle recèle plusieurs constats qui contredisent sa thèse. Il admet que les tirs de missiles sont partis de Kanombe où se trouve un camp militaire de l'armée rwandaise. Celle-ci, écrit-il, « aurait pu trouver le moyen de saboter les accords à un moindre coût pour elle », ce qui semble admettre que l'armée gouvernementale refusait les accords de paix. Par ailleurs, sa description des évènements est à peu près exacte : « La mort du Président et des principaux responsables de l'armée et de la sécurité, en déclenchant le cycle de représailles meurtrières exercées par une partie de la garde présidentielle à l'encontre de l'opposition et des tutsi, a donné un prétexte à l'intervention militaire du FPR ». Il reconnaît donc que le FPR n'est pas passé à l'attaque aussitôt après l'attentat contre l'avion de président mais bien pour stopper les massacres entrepris par la garde présidentielle. Il précise encore plus loin « qu'à l'annonce de la mort du Président, les exactions ont tout de suite commencé et donné un fondement à l'intervention armée du FPR ». L'ambassadeur de France reconnaît donc que le FPR a engagé le combat contre les auteurs du génocide. Mais il fait ce constat pour ensuite renverser les rôles. Sa phrase complète est celle-ci : « S'il est exact qu'à l'annonce de la mort du Président les exactions ont tout de suite commencé et donné un fondement à l'intervention armée du FPR, aujourd'hui la situation est plutôt inverse : les Hutu, tant qu'ils auront le sentiment que le FPR essaie de prendre le pouvoir, réagiront par des massacres ethniques ». Si le FPR était fondé à reprendre le combat contre les exactions au début, maintenant, aux yeux de l'ambassadeur, il est en quelque sorte le responsable des massacres ethniques parce qu'il « essaie de prendre le pouvoir ». Jugeant, après une longue démonstration tirée par les cheveux en l'absence d'indices matériels, que le FPR est responsable de l'attentat et de la poursuite des massacres, l'ambassadeur de France semble admettre la légitimité des tueries perpétrées par les Hutu pour empêcher le FPR de prendre le pouvoir. Cette stratégie de tuer les Tutsi de l'intérieur pour contrer une attaque militaire des Tutsi réfugiés à l'étranger n'est pas nouvelle au Rwanda. Elle a été souvent pratiquée notamment à Noël 1963. Elle a été évoquée explicitement par le président Grégoire Kayibanda le 11 mars 1964. Mais ce qui est grave ici, c'est que cette stratégie de génocide, qui est une stratégie de dissuasion par la machette, est endossée par le représentant de la France, un pays qui se réclame aussi d'une stratégie de dissuasion pour défendre son territoire national. De même qu'il était légitime de détruire Moscou à coup d'armes nucléaires si l'Armée rouge envahissait la France, de même serait-il légitime aux yeux de l'ambassadeur, que les Hutu, seuls véritables Rwandais, massacrent les Tutsi qui les envahissent depuis l'Ouganda.