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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Valéry Giscard d'Estaing : « On avait pris un engagement tout à fait précis de ne pas aller en profondeur dans le territoire rwandais ! On est allé trop loin ! »

Fiche Numéro 29051

Numéro
29051
Auteur
Poivre d'Arvor, Patrick
Auteur
Marque, Isabelle
Auteur
Berrou, Loïck
Date
5 juillet 1994
Amj
19940705
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Valéry Giscard d'Estaing : « On avait pris un engagement tout à fait précis de ne pas aller en profondeur dans le territoire rwandais ! On est allé trop loin ! »
Soustitre
Les troupes françaises renforcent leurs positions à l'entrée de Gikongoro. En face, les rebelles du Front patriotique sont à moins de 10 kilomètres.
Taille
35463 octets
Nb. pages
6
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Résumé
- Les troupes françaises renforcent leurs positions à l'entrée de Gikongoro, c'est-à-dire au sud-ouest du pays. 300 légionnaires et une centaine d'autres militaires épauleront bientôt les 150 parachutistes déjà présents. En face, les rebelles du Front patriotique sont à moins de 10 kilomètres des positions françaises.
- Alors que des patrouilles sillonnent les routes, armées de six canons de 90 millimètres, et que huit hélicoptères Puma surveillent les abords de la ville de Gikongoro, on a vu arriver des camions militaires avec des mitrailleuses et des missiles antichar Milan. C'est la position la plus avancée des Français dans la fameuse zone de sécurité qu'ils ont décrété et qui s'étend sur un huitième du territoire au sud du Rwanda.
- Le colonel Rosier a été très clair : les Français respecteront une stricte neutralité mais leur mission reste de protéger les réfugiés quels qu'ils soient.
- Au sud de Kigali, près de la frontière entre le Rwanda et le Burundi, l'arrivée du FPR a mis un terme aux exactions des milices hutu. C'est d'ici que les escadrons de la mort lançaient leurs raids. C'est d'ici qu'ils sont partis le 12 avril au matin vers le village voisin de Ntarama. Les 800 habitants de la commune s'étaient massés dans la chapelle, dont ils espéraient protection. Extermination systématique des Tutsi et des opposants hutu, exode massif des populations, un habitant sur 20 seulement est resté vivant à Bugesera.
- Le nouveau préfet de Bugesera a convoqué ses administrés pour les inciter à reprendre les récoltes abandonnées de sorgho et de café. Au fur et à mesure de ses conquêtes militaires, le FPR encadre ainsi sa population dans ses propres zones de sécurité. Reste que la majorité des habitants fuient devant ses troupes. Le Front patriotique ne pourra peupler les 1 000 collines du Rwanda avec les seuls Tutsi. Il lui faudra gérer tôt ou tard le retour des populations hutu.
- Pendant sa visite en Afrique du Sud, François Mitterrand s'est exprimé sur l'engagement français au Rwanda. François Mitterrand : "La France n'entend pas mener d'opération militaire au Rwanda contre qui que ce soit. Le sort des Rwandais dépend des Rwandais. Le Front patriotique rwandais n'est pas notre adversaire ! Nous ne cherchons pas à retenir son éventuel succès !".
- Interview de Valéry Giscard d'Estaing par Patrick Poivre d'Arvor : "Le Rwanda autrefois, c'était un système féodal qui était dirigé par une minorité, qui représente 10 % de la population, qui est une minorité venue du Nord, qui sont donc des nomades et qui sont plus guerriers, plus délurés d'ailleurs, et qui sont les Tutsi. Arrive l'indépendance et naturellement les Hutu prennent le pouvoir puisqu'ils sont la majorité. Et ils commencent à chasser et persécuter les Tutsi. Les Tutsi s'exilent en partie dans les pays voisins, notamment en Ouganda. Puis ils essaient de revenir une première fois dans les années 60. Ils essaient de revenir en 1990. Nous envoyons des forces pour les empêcher de revenir. Et puis arrive l'attentat du Président Habyarimana. À ce moment-là ce sont les Hutu, c'est-à-dire les gens que nous avions protégés jusque là, qui commencent les massacres de la minorité tutsi. On a assisté au massacre, abominable, il faut bien dire, de la minorité tutsi par les miliciens du régime. Régime que nous avions soutenu dans la période récente. Alors en même temps les Tutsi qui étaient à l'extérieur, c'est-à-dire dans l'Ouganda, sont entrés dans le pays et ils avancent. Ils ont maintenant occupé trois-quarts du pays. Alors qu'est-ce qui se passe dans la partie ouest du pays ? Il y a déjà eu des massacres très cruels dans cette partie, dont les responsables sont toujours sur place d'ailleurs ! Et on ne fait rien contre eux. Il y a 15 jours, on avait pris un engagement tout à fait précis de ne pas se servir de forces d'interposition entre les deux camps. Et surtout de ne pas aller en profondeur dans le territoire rwandais ! On est allé trop loin ! Parce qu'actuellement on est dans dans la ville de Gikongoro, c'est à l'intérieur du pays. Qu'est-ce qu'on va faire ? Il y a des Tutsi qui avancent. Est-ce qu'on va s'opposer à leur avance ? J'ai entendu le colonel qui commande dire : 'Mais s'ils avancent, on tirera sur eux'. Tirez sur qui ? Et de quel droit ? Donc je crois qu'il faut revenir à la conception initiale de l'opération. C'est-à-dire que nos forces doivent être sur la frontière et non pas dans le pays et se livrer à des opérations strictement humanitaires".