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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Passeport diplomatique. Quarante ans au Quai d'Orsay [Extrait : « Au cabinet du ministre de la Défense (1993-1995) »]

Fiche Numéro 27343

Numéro
27343
Auteur
Araud, Gérard
Date
Octobre 2019
Amj
20191001
Titre
Passeport diplomatique. Quarante ans au Quai d'Orsay [Extrait : « Au cabinet du ministre de la Défense (1993-1995) »]
Pages
75-93
Taille
2912421 octets
Nb. pages
11
Source
Type
Livre (extrait)
Langue
FR
Résumé
Gérard Araud a été conseiller diplomatique au cabinet de François Léotard, ministre de la Défense, de 1993 à 1995. Il y est confronté à la « tragédie rwandaise ». Il affirme que « dès sa prise de fonction », le gouvernement Balladur voulait retirer les troupes françaises « le plus rapidement possible », contrairement au président Mitterrand et à son conseiller, le général Quesnot, qui « nous assénait une géopolitique de comptoir ». Les accords d'Arusha ont été « un compromis » entre le gouvernement Balladur et Mitterrand. Les forces françaises ont quitté le Rwanda mais l'attentat contre le président rwandais a tout bouleversé. La France a reconnu le génocide le 15 mai 1994. L'opération Turquoise n'a eu qu'un but humanitaire. Alain Juppé y était favorable, l'état-major y était opposé et François Léotard « a pris le parti du second ». « Je rédigeai à sa signature une lettre au Premier ministre qui reprenait les arguments de nos militaires ». « Édouard Balladur et François Léotard se rendirent sur place, le 29 juin » [Édouard Balladur n'est pas allé au Rwanda le 29 juin 1994]. La décision de ne pas arrêter les membres du Gouvernement intérimaire rwandais a été prise « pour éviter de devenir partie au conflit ». Rétrospectivement, l'auteur estime « que ce soit légal ou pas, nous aurions dû nous efforcer d'arrêter les principaux dirigeants rwandais et de fermer la radio Mille Collines ».
Commentaire
Selon Gérard Araud, le gouvernement Balladur aurait voulu dès sa prise de fonction retirer les troupes françaises du Rwanda. Ceci n'est pas confirmé par les documents. En effet, le 2 avril 1993, Edouard Balladur déclare : « nous pouvons mettre un millier [de soldats] de plus ». L'opération d'évacuation Amaryllis du 9 au 14 avril 1994 n'est pas évoquée. Alain Juppé a dit « ce qui est en train de se perpétrer actuellement au Rwanda mérite le nom de génocide » non pas le 15, mais le 16 mai 1994 à Bruxelles. Il l'a répété le 18 mai devant l'Assemblée nationale, mais il n'en a pas tiré les conséquences, quand, lors de l'opération Turquoise, la France avait un mandat des Nations unies autorisant le recours à la force pour arrêter les auteurs présumés du génocide. La note du Quai d'Orsay du 7 juillet 1994 indique que « la demande est exprimée que nos forces interviennent directement pour l'arrestation et la détention des auteurs des massacres : il s'agit là d'une action qui, en dehors des flagrant délits, ne relève pas du mandat qui nous a été donné ». L'erreur dans l'affirmation que Balladur s'est rendu au Rwanda le 29 juin 1994 suggère que l'auteur ne s'est pas fatigué à faire des vérifications dans ses archives. L'observation de Gérard Araud selon laquelle l'amiral Lanxade, chef d'état-major des armées, « pouvait, en permanence, jouer le président contre le gouvernement et vice versa », vient pondérer son affirmation selon laquelle « l'état-major [était] farouchement opposé » à l'intervention au Rwanda en juin 1994. Jugeant que « le Rwanda est devenu la Prusse de la région des Grands Lacs », ce diplomate révèle sa pensée profonde, débordant de haine à l'égard de ceux qui ont mis fin au génocide des Tutsi.